Jacques Masson

 

Descriptif de l'exposition "Baleines":

12 panneaux plastifiés de 50 X 65 cm avec œillets Titre : " Les Baleines "
Panneau N° I : LES GEANTS EXISTENT, nous les avons rencontrés. Illustration : grande photo en couleur du souffle d'un cachalot
Panneau N°2 : LA BALEINE BLEUE, le plus grand de tous les animaux subsiste encore, mais pour combien de temps ; photos = légendes.
Panneau N°3 : L'ORDRE DES CETACES, 76 espèces différentes ; 16 dessins, ordre des mysticètes, ordre des odondocètes ; explications.
Panneau N°4 : L'ORQUE, le super prédateur des mers ; grande photo couleur.
Panneau N°5 : LA NUTRITION, ce qu'elles mangent. Dessins, explications, photos du krill.
Panneau N°6 : LA BALEINE A BOSSE, 15 mètres de longueur ; deux photos de tableaux : La baleine à bosse représentée par des artistes.
Panneau N°7 : LA BALEINE A BOSSE, lorsqu'on voit sa queue, c'est qu'elle plonge en profondeur ; une grande photo en couleurs + trois photos de baleines blessées par des orques ; explications.
Panneau N°8 : LES FANONS, les baleines n'ont pas de dent. Divers photos dont Jacques Masson montrant des fanons. Panneau N°9 : LE BELOUGA/ LA BALEINE BLANCHE, une grande photo en couleur + deux petites photos et explications.
Panneau N°10 : L'ADOPTION, comment adopter une baleine, ; photo en noir et blanc de Blanco, la baleine bleue adoptée par Jacques Masson ; explications.
Panneau N°11 : LA CHASSE, autrefois ; gravures anciennes du IX, XVI et XIX ème siècle + invention du 1er canon lance-harpon.
Panneau N°12 : LA CHASSE, aujourd'hui ; grande photo : le plaisir de tuer. Qui chasse ? La réglementation (explications) ; générique de l'exposition
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En kayak à coté des baleines par Jacques Masson

La dernière fois que j'ai observé des baleines, j'étais dans un kayak de mer. Et c'est bien la dernière fois que j'irai en observer depuis cette frêle embarcation. J'étais du côté de Terre-Neuve, dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent, accompagné d'un indien montagnais qui me suivait dans un autre kayak. La mer était bonne, le temps ensoleillé. Je me sentais en pleine forme, heureux de vivre, heureux d'approcher de très près des baleines. Après avoir longé la côte, nous mîmes le cap vers le large en direction du passage des grands cétacés. La veille, depuis un zodiac, j'avais approché un rorqual commun, une grande baleine de 20 mètres de long. Il nageait en faisant des cercles de 500 mètres de rayon, sortait respirer 7 ou 8 fois puis disparaissait pendant 10 minutes. Bien que le rorqual commun soit le deuxième plus grand animal du monde par la taille après la baleine bleue, celui-ci était maigre, on lui voyait les côtes. Il est vrai que nous étions en juin et qu'il venait des mers chaudes, pauvres en plancton. Il n'avait sans doute pas mangé depuis plusieurs mois.

 

Geneviève, une jeune scientifique canadienne, tenait le chronomètre et notait scrupuleusement les temps d'apnée. Je remarquai avec stupéfaction la réalité des temps de plongée de ce mammifère marin. Toutes les 10 secondes précises, la grande baleine remontait en surface. Comme nous ne savions pas à quel endroit elle apparaîtrait, nous devions regarder partout, devant, derrière, à droite, à gauche du bateau. Si nous ne la voyions pas, nous l'entendions. Son puissant souffle, qui pouvait se projeter à 10 mètres, nous indiquait où elle se trouvait. Une fois, elle souffla sur nous et nous fûmes imprégnés de son odeur. L'air que rejettent les baleines contient de la vapeur d'eau et du mucus situé dans leurs narines, appelées évents. Mais revenons au kayak. Nous étions donc en direction du large dans la zone où on nous avait indiqué un passage de plusieurs baleines à bosse. Nous pagayions tranquillement lorsque nous vîmes le premier souffle. Nous étions vraiment heureux sur cette mer glacée (l'eau était à 2 degrés celsius) et nous réalisions notre désir : nous approcher doucement, sans moteur, des baleines. Nous étions entourés d'oiseaux, notamment des macareux, les perroquets des mers, si jolis avec leurs becs colorés à la période des amours. Ces oiseaux sont si voraces qu'ils ont des difficultés à voler tant ils ingurgitent des poissons. Ils aiment le capelan, dont les baleines sont aussi friandes en cette période. Les souffles de baleines s'approchaient. Nous ne bougions plus, les baleines venaient vers nous. Soudain je sentis un souffle tout près de moi, une vague frappa mon kayak et je ne vis plus rien car il se retourna. Je n'eus pas le temps d'avoir peur, j'ouvris les yeux sous l'eau et vis des milliers de petites bulles provoquées par les baleines. Je m'extrayais du kayak, l'Indien me rejoignit, m'aida à le remettre à l'endroit et à m'y replacer. Nous retournâmes à terre car l'eau glacée me donnait des crampes. Mes vêtements séchèrent rapidement grâce au soleil brillant. Je garderai toujours le souvenir de cette équipée en compagnie des grands cétacés. Malgré ce que j'ai écrit plus haut, je sais bien que je retournerai à la première occasion les voir en kayak. J'aime tant les baleines ! Et les voir ainsi me procure une telle joie !

Jacques Masson


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